Ou partir et comment partir ?
Il existe de nombreuses associations humanitaires ophtalmologiques françaises et étrangères qui cherchent du personnel qualifié et motivé.
Terres d’Ophtalmo agit au Maroc et aux Comores et vous pouvez nous contacter pour partir avec nous, mais il existe d’autres associations :
-Pour Les Yeux du Monde (PLYM) agit au Cambodge et à Madagascar pour des missions de 15 jours
-Ophtalmo Sans Frontière (OSF) agit en Afrique de l’Ouest pour des missions de formation et de soins de plusieurs semaines à plusieurs mois
-Friendship agit au Bangladesh pour des missions d’une semaine
Cette liste n’est pas du tout exhaustive. La plupart des associations peuvent être trouvées par leur site internet mais il est aussi possible de passer par les associations nationales comme la SFO ou l’AAO pour leur demander des contacts.
Pour les associations françaises, il faudra en général commencer par aller à l’assemblée générale (AG) annuelle, pour rencontrer les membres et se faire connaître. Les personnes présentes aux AG et actives pour la vie de l’association seront prioritaires pour partir en mission. Les associations recherchent en général des médecins confirmés.
Chaque association à un terrain de mission privilégié, un pays ou une région du monde. En effet les missions d’ophtalmologie nécessitent du matériel difficilement transportable et du personnel sur place de confiance à minima pour l’intendance. Le choix de la zone où vous voudrez partir influencera le choix de votre association.
Il ne faut pas oublier que l’aide humanitaire peut se faire près de chez vous, en France, avec Médecin du monde ou d’autres associations qui organisent des soins pour les personnes démunies et les personnes n’ayant pas de couverture sociale comme les migrants. Il est possible d’envisager une journée de consultation de temps en temps, non rémunérée, pour aider les personnes les plus démunies dont vous pourrez continuer la prise en charge médico-chirurgicale en milieu hospitalier.
Avant le départ : coûts, trucs et astuces, matériel:
Une fois que vous avez trouvé l’association et que vous avez trouvé une équipe et une date de mission, vous devrez organiser votre départ. Les associations ont le plus souvent du personnel sur place pour vous accueillir.
Il faudra organiser vous même ou avec votre équipe le billet d’avion, qui sera à votre charge, sans réduction possible auprès des compagnies aériennes. Vous devrez également poser des congés. Si vous êtes dans le secteur hospitalier vous pouvez demander des « congés solidarité » (congés payés auxquels vous avez droit en plus de vos congés annuels).
Pour payer l’adhésion à l’association et pour les frais liés à la mission (billets d’avion et frais sur place) vous pourrez mettre une partie de vos dépenses en « dons aux œuvres » (case 7UF de votre déclaration) grâce au reçu fiscal que vous fournira l’association. Durant votre mission vous serez le plus souvent logés et nourris.
Vous devrez amener avec vous du matériel médical. Pour ça il faudra récupérer l’inventaire du matériel disponible fait lors de la dernière mission pour connaître les besoins sur place. Vous devrez ensuite démarcher les laboratoires pour obtenir ce matériel et éventuellement demander au cadre de votre hôpital ou de votre clinique ce qu’il peut vous donner.
Ce matériel prend beaucoup de place (en général une valise de soute pleine) et vous devrez donc vous renseigner auprès de votre compagnie aérienne le cout d’un second bagage de soute pour vos affaires personnelles. Prévoyez egalement qu’il peut y avoir des problèmes de douane à l’arrivée pour le matériel médical qu’il faudra anticiper avec votre association pour ne pas avoir à payer des frais supplémentaires.
Il n’existe pas d’assurance spécifique à prévoir pour les missions humanitaires, excepté vos assurances rapatriement. Les cartes de crédit intégrant des assurances peuvent s’avérer utiles.
Sur place : l’activité médicale et chirurgicale
Les missions humanitaires doivent fournir des soins de qualité. Il n’est pas souhaitable d’amener des implants périmés, de réaliser sur places des chirurgies qu’on ne maitrise pas, de bâcler les consultations et d’agir sans respect pour les coutumes et les traditions locales.
L’action humanitaire est régie par des lois et des principes, et si le relativisme culturel présente les limites d’un modèle que nous souhaitons défendre, il faut savoir maintenir les principes d’une médecine conventionnelle occidentale sans pour autant mépriser les coutumes et traditions de la médecine locale.
Il est souhaitable, dès que l’occasion se présente, de former les personnels qui resteront sur place pour potentialiser l’aide apportée, mais vous rencontrerez souvent des médecins particulièrement qualifiés. Les ophtalmologues locaux sur les terrains de mission humanitaires sont souvent très habiles chirurgicalement puisqu’ils opèrent beaucoup.
Vous pourrez être amené à voire des cas graves, parfois émouvant, d’autant plus que le patient aurait pu guérir si il avait été pris en charge dans une structure de soin possédant les moyens et les compétences. Il faut savoir ne pas tout tenter, et il faut egalement savoir ou adresser les patients si le cas dépasse les capacités de la mission (pathologies vitréo-rétiniennes, cancer).
Les moyens sur place sont de moins bonne qualité que ce que vous connaissez dans votre pratique quotidienne. Par exemple le microscope opératoire peut avoir un problème de zoom et/ou de focus, il peut ne pas y avoir de retro-illumination, il peut ne pas exister d’optique pour l’aide, il peut y avoir des coupures de courant en pleine intervention, etc.
La plupart des interventions sont des cataractes mais vous pourrez egalement être amenés à intervenir sur des glaucomes, des plaies et des éviscérations/énucléations.
Les cataractes sont souvent très évoluées, et avec ou sans machine de phacoémulsification il est très utile de maitriser les techniques extracapsulaires et de phaco-alternative. La technique MSICS ou SICS (Manual Small Incision Cataract Surgery) est très appropriée aux cataractes denses rencontrées sur les terrains de mission et présentent l’avantage de laisser une cornée plus claire qu’avec une phacoémulsification. Par ailleurs, une fois la technique maitrisée, elle peut être réalisée aussi rapidement qu’une phacoémulsification. Si vous souhaitez vous former à cette technique vous pouvez vous inscrire au wetlab que nous organisons en partenariat avec Alcon.
Les conditions de stérilisation sont souvent moins drastiques que celle que vous connaissez, les autoclaves de dernière génération sont chers et difficilement transportables, et il faudra donc redoubler d’effort pour maintenir malgré tout des conditions de stérilité les meilleurs possibles (matériel à usage unique).
Fin de mission :
En fin de mission il est nécessaire de réaliser un inventaire du matériel médico-chirurgical restant. Il faudra egalement ranger le site de mission.
Une fois la mission finie, vous pourrez si la zone où vous vous trouvez le permet, réaliser une « post mission », soit une visite du pays pour vous reposer et vous détendre. Ces missions sont souvent passionnantes mais éprouvantes et il est préférable de prévoir un temps de repos avant de reprendre votre activité professionnelle.